Émile & Mappa
Badje porte un projet autour de l’accessibilité des milieux d’accueil. Par ce projet, Badje souhaite lutter contre les inégalités sociales en développant l’accès aux milieux d’accueil de la petite enfance pour les enfants des familles précarisées.
Ce projet a connu trois phases de développement. Le projet-pilote Bruxelles Multi-Accueil, lancé en 2014, a duré jusqu’en 2019. Il a ensuite été prolongé par le projet Émille de 2020 à 2024, avant d’être redéfini en 2024 sous le nom de dispositif Mappa. Toutes les phases du projet sont soutenues par l’opération Viva for Life de CAP48 et par la Cocof en ce qui concerne le projet BMA.
Focus sur la pauvreté infantile en Région bruxelloise
La pauvreté infantile représente un enjeu majeur en Belgique. Elle est particulièrement préoccupante à Bruxelles, où une proportion importante d’enfants grandit dans des conditions précaires. Le taux de pauvreté des enfants s’élève à 31 % à Bruxelles (15,1 % pour la Belgique). Une autre manière de mesurer est le taux de privation des enfants et les données de 2024 indiquent un taux de 13,5 % en Belgique et de 22,4 % à Bruxelles.
Grandir dans la pauvreté a des effets négatifs durables sur le parcours de vie des enfants.
Les conséquences touchent plusieurs dimensions :
- Santé physique et mentale plus fragile
- Accès limité à l’éducation de qualité
- Isolement social et stigmatisation
- Risque accru de reproduction du cycle de pauvreté
Mise en exergue :
- Taux de pauvreté à Bruxelles : 31 %
- Taux de privation à Bruxelles : 22,4 %
Les bénéfices de l’accueil de la petite enfance :
Depuis plusieurs années, de nombreuses études démontrent qu’un accueil de la petite enfance de qualité contribue à un meilleur développement global de l’enfant. De plus, cet effet est plus marqué pour les familles les plus vulnérables. Or les enfants issus des milieux les plus précaires sont paradoxalement ceux qui accèdent le moins aux crèches. De nombreux freins – financiers, administratifs, linguistiques ou culturels – limitent l’accès à ces structures pour les familles vulnérables.
Il est donc nécessaire de s’intéresser à l’accès à cet accueil de la petite enfance pour les familles les plus précaires. D’une part pour des raisons liées au développement de l’enfant et à sa socialisation (fonction éducative de la crèche) et, d’autre part, dans un intérêt plus « économique », en permettant aux parents de travailler (fonction économique) et d’échanger avec les professionnel·le·s et les autres parents (fonction sociale).
Investir dans la petite enfance, en particulier en garantissant un accès de qualité aux milieux d’accueil, produit des effets positifs durables et est un moyen efficace de lutter contre la pauvreté infantile et réduire les inégalités sociales. Il est essentiel de ne pas percevoir cette dépense comme un simple coût, mais bien comme un véritable investissement, dont les retombées futures seront bénéfiques, y compris sur le budget de l’État.
1 Enquête EU-Silc 2022.
2 Taux calculés par l’Institut wallon de l’Évaluation, de la Prospective et de la Statistique (IWEPS), sur base de l’enquête EU-SILC 2024, réalisée par Statbel (supervision : Eutostat).
L’investissement dans la petite enfance est un moyen de lutter contre la pauvreté infantile et de réduire les inégalités sociales.
Cependant, il est à noter qu’en 2022, le taux moyen de couverture en places de crèche par commune dans la Région de Bruxelles-Capitale se situait seulement entre 30 et 35 %. Et ce chiffre masque de fortes disparités entre communes : 26,1 % à Anderlecht, 29,9 % à Molenbeek, 61,1 % à Uccle et jusqu’à 84 % à Etterbeek3.
Il serait donc nécessaire de créer entre 7 000 et 10 000 places supplémentaires subventionnées (avec une tarification proportionnelle aux revenus des parents) pour pouvoir répondre aux besoins des familles, notamment dans les quartiers sous-dotés. Mais cette expansion ne peut se faire sans une revalorisation préalable du secteur et des métiers de la petite enfance. En effet, la pénurie de places en crèche à Bruxelles est liée à une crise d’attractivité des métiers de la petite enfance, en particulier celui de puériculteur·trice. Ce métier, pourtant essentiel au bon développement des enfants, souffre d’un manque de reconnaissance sociale, de conditions de travail difficiles et d’une rémunération peu attractive au regard des responsabilités assumées.
Bruxelles Multi-Accueil
De 2014, Badje initie le projet-pilote Bruxelles Multi-Accueil. Il deviendra ensuite Bruxelles Mixité-Accessibilité et continuera jusqu’en 2019. Ce projet vise à optimiser les places d’accueil existantes afin de proposer à des familles précarisées des moments de socialisation en crèche avant l’entrée de leur(s) enfant(s) à l’école maternelle. Il a été mené dans différents milieux d’accueil de la Région bruxelloise, tous volontaires pour participer au projet, en impliquant les équipes de terrain et en travaillant sur la mise en réseau et le développement de coopérations entre différents services connectés aux familles concernées. Badje a ainsi accompagné une vingtaine de structures, quelque 300 professionnel·le·s formé·e·s au multi-accueil et a permis l’intégration de 110 enfants en milieux d’accueil.
Mise en exergue
- 20 structures accompagnées
- 300 professionnel·le·s formé·e·s
- 110 enfants intégrés en milieux d’accueil
Émille
En 2019, Badje opère un passage d’échelle du projet en le mettant en œuvre dans l’ensemble des milieux d’accueil de la Ville de Bruxelles. Le nom du projet, Émille, fait écho à l’importance des mille premiers jours dans le développement de l’enfant, au code postal de la Ville (1000) et à un autre projet mené au sein des CPAS, nommé Miriam et s’adressant aux familles monoparentales.
Ce projet est mené pendant quatre ans sur le territoire de la Ville de Bruxelles, en partenariat avec les crèches communales, le Service Petite Enfance et le CPAS. Il vise à renforcer l’accessibilité des milieux d’accueil de la petite enfance pour les familles précarisées les plus éloignées de ces services. L’objectif du projet Émille était de pouvoir travailler avec les professionnel·le·s afin d’explorer comment « aller chercher » ces familles et leur proposer une expérience d’accueil, en mettant l’accent sur la fonction sociale (et a fortiori la fonction éducative) des milieux d’accueil.
3 Stabel IBSA, Chiffres clés, Petite Enfance, 2022
Mappa
Depuis 2024, Badje développe le dispositif MAPPA : Mise en réseau et d’Accompagnement de structures en relation avec le secteur de la Petite enfance, la Précarité des publics et l’Accessibilité des services. L’objectif est maintenant de transmettre et d’essaimer à un maximum de territoires et de professionnel·le·s des outils et pratiques inspirantes concernant l’amélioration de l’accessibilité des crèches aux publics précarisés et fortement éloignés de celles-ci.
Le dispositif Mappa comporte 3 volets :
- Des rencontres collectives d’échanges de pratiques entre professionnel∙le∙s du secteur petite enfance et des secteurs petite enfance et social
- Une centralisation, une formalisation et une diffusion d'outils pratiques et méthodologiques
- Des accompagnements individuels de structures, sur base volontaire.
Badje demeure convaincue qu’un véritable accès universel à l’accueil de la petite enfance nécessite un travail réflexif approfondi et permanent des équipes sur leurs représentations et leurs pratiques professionnelles. Cela doit cependant aller de pair avec une augmentation de l’offre d’accueil ainsi qu’une revalorisation du secteur et des métiers de la petite enfance.
Contacts principaux
Nathalie Sterckx
Chargée de projets Petite enfance
nathalie.sterckx@badje.be
02 318 36 29
Manon Beauvarlet
Chargée de projets Petite enfance
manon.beauvarlet@badje.be
02 318 36 14